Festival Internationl Espoirs de Toulon

Comme certains le savent, j'étais récemment à Toulon pour le Festival International Espoirs. Habituellement réservé aux - 21 ans, le tournoi était cette année également ouvert aux joueurs nés en 1986 et 1985 car beaucoup d'équipes étaient venus préparer les Jeux Olympiques de Pékin (destinés aux joueurs de - de 23 ans)

L'organisation de ce tournoi, c'est un truc de fou !!! Crée en 1967 par Maurice Revello, le Festival est aujourd'hui organisé par lui, sa femme et leurs fils, Alain et Philippe, mais également par des amis à lui, des membres de sa famille (son neveu Gilbert et la femme de celui-ci). Il y a aussi le gendre d'Alain, les fils de Gilbert, des amis à eux ... Bref, un tournoi qui accueille des nations mondiales, des joueurs pros, des arbitres FIFA, des agents et des Scouts (recruteurs mandatés par des clubs) est organisé par une "familia" qui s'en occupe bénévolement.
A notre échelle, c'est comme si Thomas et son frère créeaient un tournoi international, qu'Emilie et Lauren s'occupaient de la communication, Benoît de la Sécurité, Romain des inscriptions, Seb des comptes, Sandhya du réglement, Flo de la billeterie et que Fabien écrivait sur le site internet (et qu'il vendrait des ordinateurs au porte-à-porte pour que les gens aillent sur le site)


Pour ma part, j'étais Délégué-Guide de la Côte d'Ivoire. En gros, je faisais le lien entre le Staff ivorien et l'organisation du tournoi (ainsi que l'hôtel des joueurs). Je peux vous dire que s'occuper de la Côte d'Ivoire, c'était pas triste.
A l'aéroport, les premiers arrivés me font savoir que les membres du Staff Médical sont restés à Abidjan. Ils n'ont pas fait gaffe à la validité de leur visa et ont dû rester au pays dans un premier temps (ils viendront à Toulon avec 6 jours de retard, pour les 1/2 finales)
Ensuite, il y a eu un problème avec l'équipementier - Puma - qui ne leur a pas fourni de maillots à temps. Du coup, ils sont passés par un gars à Paris qui leur a amené un jeu de maillots utilisés pendant la CAN.
Plein d'autres trucs loufoques : le chargé de communication n'avait pas de pc portable (sachant que c'est lui qui doit écrire les articles pour le site de la Fédé, c'est embetant), le gardien titulaire est resté 4 jours à l'hôpital car il avait le Palus, une membre du Ministère des Sports est venue sans prévenir, tous les autres délégués-guides ont eu des équipements des équipes, nous on a eu le droit à un tee-shirt orange tout pourri, bref, des trucs sympas à raconter.


Ceci dit, la culture africaine, c'est vraiment bonne ambiance. Le staff a été très cool avec nous (les joueurs restaient plus dans leur coin), on mangeait à leur table, ils nous racontaient plein d'anecdotes sur l'équipe nationale. Gérard Gili et son adjoint Marc Lévy, deux anciens entraineurs de l'OM, super sympas également. A la fin, Gili nous chambrait et chariait même ses joueurs ("vous croyiez que c'est des vrais joueurs de foot, détrompez-vous")
Ils font toutefois un complexe d'infériorité par rapport aux instances. Dès qu'ils perdent, c'est parce qu'on ne veut pas d'eux à un certain niveau alors qu'il leur manque seulement un chouia de professionalisme.

Sur le plan sportif, la Côte d'Ivoire termina à la 3ème place. Leur parcours fut plutôt bon et avec plus d'efficacité, la finale aurait pu être envisagée. Mais quand on a un attaquant qui se prénomme Cissé (Sekou de son prénom), forcément, ça vendange. Le joueur du Roda JC (Pays-Bas) finira tout de même meilleur buteur du tournoi avec 4 réalisations.


Les Ivoriens entrèrent très mal dans la compétition. Premier match mercredi 21 mai au Stade Mayol de Toulon face à l'Italie du capitaine Nocerino (joueur de la Juve) et du talentueux petit n°10 d'Empoli (qui appartient également à la Juve) Giovinco.
La première mi-temps est totalement à l'avantage des africains et sans la maladresse de Cissé (un pénalty et un face-à-face ratés), les italiens auraient du être menés au score. La Squadretta est bien en place mais offensivement, seul Giovinco (retenez bien ce nom !!!) amène du danger. C'est d'ailleurs lui qui marqua les deux buts de la victoire italienne peu après l'heure de jeu, sur deux fautes de défenses des Ivoriens.

Le second match de la Côte d'Ivoire a lieu vendredi 23 mai à La Seyne sur Mer contre les Etats-Unis. Une équipe américaine qui prépare également les JO mais qui est venue avec une équipe bis, d'où la faiblesse de l'opposition. Les Ivoriens l'emportent 1-0 sur un pénalty de l'arrière gauche très offensif Constant Djakpa (celui qui met l'ambiance dans le groupe) dans un match sans grande saveur.


Pour leur dernier match de poule, dimanche 25 mai, les Ivoriens se doivent de l'emporter face à la Turquie, amoindrie par 3 (!!) suspensions sinon le retour au pays est programmé dès le lendemain matin. Ironie du sort, le match va se dérouler à Aubagne, chez Gérard Gili.
Après un premier quart d'heure complétement turc (3 occas franches manquées), les débats s'équilibrent et les Ivoriens vont avoir de plus en plus confiance en eux.
Juste avant la mi-temps, ils marquent deux buts coup sur coup par Cissé (enfin !!!), deux buts qui font mal au moral des turcs d'Umit Davala (le coach, 3ème à la Coupe du Monde 2002 en tant que joueur). Ces mêmes turcs qui vont se voir rapidement réduits à 10 en deuxième mi-temps (mauvais geste de leur n°11).
A partir de là, tout devient plus facile pour les Ivoriens qui marqueront 2 nouveaux buts, par Anthony Moura, le joueur de Libourne St Seurin et Cissé qui s'offre un triplé après avoir éliminé deux défenseurs et le gardien.


L'euphorie de la qualification permet au groupe de Gili de travailler dans la bonne humeur. Le mardi 27 mai à Mayol, la Côte d'Ivoire rencontrera en demi-finale le Chili de Marcelo Bielsa (ancien sélectionneur de l'Argentine de 1998 à 2004) qui a gagné ses 3 matchs de poule en marquant 9 buts.
Emmenés par leur prodige Pedro Morales, les Chiliens vont mettre 5 minutes à entrer totalement dans le match grace à ce but exceptionnel du meneur de jeu sud-américain : http://fr.youtube.com/watch?v=eUuhiQGkCcY . Les ivoriens, fidèles à leur réputation, vont continuer à vendanger (une triple occas de Cissé-Niangbo-Dja Djédjé ) mais Djakpa égalisera sur coup-franc en fin de première mi-temps.
La seconde période est similaire à la première, les Ivoriens attaquent mais manquent d'efficacité, au contraire du Chili qui sur l'une de ses seules occasions du match, double la mise par l'autre révélation chilienne, Fabien Orellana. En fin de match, l'abitre italien oublie de siffler quelques fautes chiliennes à l'entrée de la surface, ce qui provoque la colère du banc ivorien, Morales est tout près de tuer le suspense et Beko Fofana, seul au 6 mètres manque l'égalisation dans les arrêts de jeu. Réalisme, quand tu nous fuis !!!


Le match pour la 3ème place s'est jouée le jeudi 29 mai, toujours au Stade Mayol de Toulon, face à l'équipe très disciplinée du Japon. Le coeur n'y est plus vraiment pour les ivoriens, la charnière centrale est forfait et Gili décide de faire jouer ceux qui n'ont pas eu ou peu de temps de jeu.
A la demie-heure de jeu, Fofana se rattrape de son occasion manquée en demi-finale en ouvrant le score d'une belle frappe à l'entrée de la surface. Quelques occasions ivoriennes vendangées plus tard (eh oui, on ne perd pas les bonnes vieilles habitudes), des trombes d'eau s'abattent sur Mayol. On joue la 55ème minute et le Japon n'a pas été très dangereux jusque-là. Mais la pluie va leur porter chance et vingt minutes plus tard, les voilà qu'ils mènent au score 2 à 1 grace à deux buts de la tête.
Le ballon peine à circuler normalement à cause des flaques d'eau et les hommes de Gili vont avoir une très grosse occas (encore par Fofana) à deux minutes de la fin mais la frappe est trop molle et finit dans les bras du gardien nippon. Mais Cissé, à la 93ème minute, va profiter d'un cafouillage pour inscrire son quatrième but du tournoi (celui qui lui permet de finir meilleur buteur) et envoie son équipe aux pénos.
Le 5ème tir japonais passant à côté, les ivoriens parviennent à se hisser à une troisième place méritée, tant leur envie de jouer a été salué par le public et les observateurs.

L'équipe de France, quant à elle, a perdu ses 3 matchs. Composée de joueurs de - 21 ans (les Bleus ne sont pas qualifiés pour les JO), elle s'est pourtant trimballée devant le Chili avant que le nantais Rocardo Faty se fasse expulser à l'heure du jeu. Du coup, le score qui était de 3-1 pour les Bleus a été renversé et le match s'est finit par un 5-3. Puis face au Japon, le manque de réalisme de l'auxerrois Quercia a fait chuter son équipe (2-1, les japonais ayant marqué sur leurs deux seules occasions du match alors que Quercia a raté 3 buts tout faits). Le 3ème match contre les Pays-Bas (défaite 1-0) était anecdotique. Quelques jeunes français m'ont bien plu : Ducasse le bordelais, Pentecôte le bastiais (bonne technique, bonne protection de balle) et l'ailier de Sedan, Alexandre Bonnet.


La finale a vu la victoire de l'Italie managée par les ex-joueurs Pierluigi Casiraghi et Gianfranco Zola sur le Chili 1 but à 0. Un match qui fut plus tactique que spectaculaire, même si la fin de match a été fort en émotion (deux poteaux, dont une frappe de Morales à la 93ème).
Giovinco a été désigné meilleur joueur du tournoi et le capitaine ivorien Emmanuel Koné, qui joue à Cluj, meilleure révélation des Scouts.


Pour les avoir particulièrement suivis, 3 joueurs ivoriens m'ont fait une très grosse impression :
- Souleyman Bamba, passé par le centre de formation du PSG, ce défenseur central, leader spirituel des Elephanteaux, joue maintenant en D2 écossaise.
- Serge Wawa, l'autre arrière central, qui joue encore au pays. Très serein et solide.
- Kafoumba Coulibaly, milieu défensif, qui évolue à Bastia et qui a un profil à la Essien et qu'on annonçait à Nice à l'époque du tournoi
Koné, Cissé et à un degré moindre Djakpa (un jeune Taiwo en moins puissant mais plus vif) ont également été à leur avantage.

Et déceptions pour le grenoblois Dja Djédjé qui avait plus l'air de penser à ses vacances qu'au tournoi, et le libournais Moura (qu'on annonçait à l'OM il y a peu)
Quant au gardien remplaçant, Fabrice Okoua, qui a joué au final 4 des 5 matchs de la compet' :


Mais avec les renforts de certains joueurs de leur catégorie (le gardien titulaire, Gervinho et Salomon Kalou) + les 3 joueurs de plus de 23 ans qu'ils ont le droit de prendre (ils aimeraient récupérer Drogba, Kolo Touré et Didier Zokora) , je pense qu'ils vont faire sensation aux JO